« Rassure toi… J’ai pris mes précautions. (…) j’avais prévu ce jour où il me faudrait, sans mémoire, redescendre au fond des eaux. Je dressais mon corps, je l’obligeais à un itinéraire immuable. Au fond du Rhin, même sans mémoire, il ne pourra que répéter les mouvements que j’avais près de toi. L’élan qui me portera de la grotte à la racine sera celui qui me portait de ma table à la fenêtre, le geste qui me fera rouler un coquillage sur le sable sera celui par lequel je roulais la pâte de mes gâteaux… Je monterai au grenier… Je passerai la tête. Eternellement, il y aura une Ondine bourgeoise parmi ces folles d’ondines. (…) Elles m’appelleront l’humaine. Parce que je ne plongerai plus la tête la première, mais que je descendrai des escaliers dans les eaux. Parce que je feuilletterai des livres dans les eaux. Parce que j’ouvrirai des fenêtres dans les eaux. Tout déjà se prépare. Tu n’as pas retrouvé mes lustres, ma pendule, mes meubles. C’est que je les ai fait jeter dans le fleuve. Ils y ont leur place, leur étage. Je n’ai plus l’habitude.Je les trouve instables, flottants… Mais ce soir, hélas, ils me paraîtront aussi fixes et sûrs que le sont pour moi les remous ou le courant. »
extrait de la pièce de théâtre « Ondine », de Jean Giraudoux.
Fille des eaux, Ondine s’adresse ainsi à l’homme qu’elle aime au moment où, selon le pacte scellé avec le Roi des Ondins, celui-ci doit mourir puisqu’il l’a trompée. Le pacte implique aussi et surtout que tout souvenir de leur histoire soit effacé de la mémoire d’Ondine, et ce malgré elle.
L’histoire ne dit pas ce qu’il subsiste de son amour pour le chevalier et de sa vie parmi les humains une fois retournée parmi les ondins. Mais cet extrait de l’oeuvre ouvre la voie à l’imagination et au questionnement : il touche au vaste champ de la mémoire du corps.
Le corps aurait il accès à une mémoire située au-delà de la conscience ? Quelles seraient les clés pour mettre en mouvement cette mémoire, cette vie propre au corps ? Et si la parole, le flot des mots versés dans l’espace était l’une des portes d’entrée possibles vers cette mémoire du corps ? Une seule certitude : il s’agit là d’une plongée en eaux profondes, et si le personnage d’Ondine appelle ces questionnements, il ne nous reste plus qu’à l’apprivoiser… Une image qui fait signe vers une réalité, c’est bien là le principe de la métaphore et c’est en suivant ce principe que Marie Schruoffeneger se propose de construire son travail de recherche.
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