« What sphinx of cement and aluminium bashed open their skulls and ate up their brains and imagination ? »
(« Quel sphinx de ciment et d’aluminium a défoncé leurs crânes et dévoré leurs cervelles et leur imagination ? »)
Allen Ginsberg, Howl
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La dernière création d’Edmond Russo et Shlomi Tuizer, The State, questionnait la volonté et la capacité de l’être à déplacer, à transformer la gravité en une sensation de l’élan, de la suspension. Il s’agissait aussi d’un acte de résistance et d’engagement pour transporter vers un ailleurs des personnes dévouées à leurs actes…
Pour cette nouvelle création ils veulent cerner, isoler, identifier et interroger les notions de résistance et de révolte.
Howl, le poème emblématique du poète américain Allen Ginsberg (1926-1997), sera au cœur de Holy.
Howl a été écrit en 1955 pour être récité lors de la lecture publique à la Six gallery de San Francisco, mais il a ensuite été publié par le poète Lawrence Ferlinghetti chez City Lights Books. Le poème a été qualifié d’« obscène », Ferlinghetti et Shig Murao, directeur de la librairie, furent arrêtés et inculpés pour sa publication. Le 3 octobre 1957, le juge Clayton W. Horn rendit un arrêt affirmant le contraire, ce qui permit à Howl de continuer à être diffusé et de devenir le poème le plus réputé de la Beat Generation.
Howl est une protestation dévorée d’angoisse, littéralement un hurlement (a howl) de colère contre le conformisme de l’époque écrasant l’âme, et un hymne à la sainteté de tout ce qui touche le corps et l’esprit humain. La versification cède la place à de longues phrases, au rythme cliquetant de la respiration naturelle et de la conversation, fusionné à la syncope urbaine du jazz be-bop que Ginsberg et son ami, Jack Kerouac, allaient écouter dans les clubs de Harlem lorsqu’ils faisaient leurs études à Columbia au milieu des années 1940.
Shlomi Tuizer sera l’interprète de la réponse chorégraphique à cette protestation. Il sera l’interprète de la matière et du corps que les chorégraphes veulent donner aujourd’hui au besoin de résister, au besoin de s’engager.
Cette réponse sera une expérience poétique, imprégnée par une histoire et un patrimoine personnels, mais qui exprime la complexité, la multiplicité et la richesse de l’identité. De même que le poème de Ginsberg est à la fois universel et très intime. Évoquant la folie de sa mère, l’intimité de ses proches, son héritage juif et son homosexualité.
L’écriture chorégraphique sera imprégnée de l’énergie et la charge contenues dans le poème de Ginsberg.
Il s’agirait de transcrire au corps une sémantique particulière des gestes et des signes, s’appuyant sur des sensations, images et idées qui sont exprimées dans le texte. L’acte sera plutôt impressionniste qu’illustratif, mais tentera d’être lisible, visible, entendu.
« Plus de 60 années sont passées et Howl est un récit poétique actuel et pertinent. Un manifeste. Les esprits ont évolué, mais les freins au progrès et les mécanismes des formes d’oppression sociétale ont évolué tout autant…
Nous ne sommes pas militants, mais notre langage, nos esprits et nos corps sont entraînés à se battre et à se défendre ». Shlomi Tuizer, Edmond Russo
Pas de dépôt de dossiers pour des résidences annuelles en ce moment
Pour déposer une demande de résidence d’interprète et d’accompagnement spécifique il faut déposer le dossier 5 mois avant la période d’accueil demandée.
3 dates butoirs : 30 janvier / 15 mai / 30 septembre
Toute compagnie accueillie en résidence doit s’acquitter des droits d’adhésion à l’association de 30 euros.
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