La danseuse, chorégraphe, auteure et metteuse en scène Anne Nguyen a fondé la Compagnie par Terre en 2005, au sein de laquelle elle a créé une vingtaine de spectacles de danse et de théâtre-danse, ainsi que plusieurs installations interactives et court-métrages. Elle se consacre à sublimer les danses sociales urbaines et leur essence rebelle et à explorer leur fonction vitale.
Issue du monde des battles de break et influencée par des études scientifiques, elle associe une gestuelle brute et virtuose à une écriture chorégraphique géométrique, déstructurée et épurée, qui exalte le pouvoir de l’abstraction. Elle s’appuie sur les problématiques qui traversent la danse et l’art pour questionner le rapport entre les institutions et les individus, les tensions entre la liberté créative et l’académisme, les mécanismes de transmission culturelle et la liberté d’expression. Elle se base sur l’observation des gestes, dansés ou ordinaires, individuels ou collectifs, pour faire des danses sociales urbaines et des cultures populaires le support d’une réflexion sur la tradition, les marqueurs sociaux, la diversité, l’appropriation culturelle et les tensions entre multiculturalisme et cosmopolitisme. Ses chorégraphies mettent en scène la danse comme un art universel et salvateur, symbole de la résistance du vivant face à des valeurs en perpétuel bouleversement.
Racine Carrée, Yonder Woman, PROMENADE OBLIGATOIRE, bal.exe, Autarcie (….), Kata, À mon bel amour, Underdogs, Héraclès sur la tête, Matière(s) première(s)... Les titres des spectacles d’Anne Nguyen évoquent ses multiples influences : les mathématiques et les arts martiaux mais aussi les utopies et les mythes. Elle se destine à une carrière dans le domaine de la physique, mais abandonne cette perspective quand elle découvre le monde du break et des battles. Elle a dansé avec des groupes de break légendaires comme RedMask à Montréal ou encore Phase T, Def Dogz et Créteil Style en France. Avec eux mais surtout en solo, elle a participé à des centaines de battles, a remporté l’IBE 2004, le BOTY 2005, a jugé le BOTY 2006 ou encore le Red Bull BC One en 2007. Elle est auteure du recueil de poèmes sur la danse le Manuel du Guerrier de la Ville, publiés dans le magazine Graff it! de 2004 à 2009. Elle chorégraphie son premier solo, Racine Carrée, autour de ces poèmes. Ses chorégraphies subliment l’essence des différentes danses hip-hop : le break avec Yonder Woman et Kata, le popping avec PROMENADE OBLIGATOIRE et bal.exe. Elles portent une réflexion sur l’idée du collectif, à travers le quatuor féminin Autarcie (….) ou la pièce de groupe À mon bel amour.
Parmi ses spectacles actuellement en tournée, le trio Underdogs explore les symboles politiques et les marqueurs sociaux de l’inconscient collectif urbain. Le quatuor Héraclès sur la tête investigue les principes de la compétition, de la hiérarchie et de la méritocratie et met en perspective l’entrée du break aux Jeux Olympiques. La pièce pour six danseurs Matière(s) première(s) met en lumière les mécanismes favorisant l’extractivisme des ressources à travers un voyage initiatique dans l’univers des danses africaines urbaines et traditionnelles.
En janvier 2025, Anne Nguyen créera [Superstrat[, un solo incarné par un danseur africain urbain et traditionnel explorant le lien entre les racines ancestrales de la danse et de la musique et le patrimoine de la diaspora afro-américaine. En octobre 2025, elle créera Witch Hunting, qui mettra en scène six danseurs et danseuses aux vocabulaires urbains différents – krump, hip-hop et danses africaines urbaines – pour explorer la dynamique du bouc émissaire, les mécanismes par lesquels les groupes se forment, se dissocient et se transforment, et le principe du multiculturalisme dans le concept de la Nation.