Éditions du soir #4

mardi 28 mai 2024 à 19h - Studio May B
le rendez-vous de l'édition en danse

 


Éditions du soir, le rendez-vous de l’édition en danse, met en lumière des ouvrages qui marquent l’actualité de l’édition en danse.
Animée par le journaliste Philippe Verrièle et Christophe Martin, directeur de micadanses-Paris, la rencontre est suivie d’un verre et de la dédicace des ouvrages.
Avec la participation des auteurs et des éditeurs.

▶︎ entrée libre sur réservation

« Pour la 4ème d’Éditions du Soir, la sélection des ouvrages pourrait s’abriter derrière le titre générique de « Salon des refusés » manifestation dont la création fut encouragée par Napoléon III confronté à la sévérité de certains représentants de la peinture officielle d’alors et attachés à défendre leur pré carré avec un rien d’acrimonie.

Donc, parmi les quatre parutions au programme de notre Éditions du soir, trois sont l’occasion d’un pas de côté. Nous les avons reçus, lus, et pas retenus ou du moins pas totalement. Mais l’occasion a permis quelques découvertes intéressantes, d’ouvrages un peu plus anciens (pas Mathusalémiens quand même) et qui n’avaient pas été évoqués, ne serait-ce que parce que nos rendez-vous n’existaient pas encore. Ne pas s’étonner donc si le quatrième nominé analyse la marche dans la danse pour une soirée sous le signe du « pas de côté », et même si ce n’est pas non plus le livre dont nous parlerons complètement ! Un pas de côté peut aussi être une manière de pas de clerc…

Donc nous ne parlerons pas du livre d’Alexandre Lacroix, La danse Philosophie du corps en mouvement, Ed Allary ; (2024). Lequel a fait largement débat, mais témoigne d’une assurance dans l’affirmation des clichés qui le conduit à négliger les limites de son expérience. Mais de celui de Christine Leroy, Phénoménologie de la danse, De la chair à l’éthique, Éditions Hermann, (2021). Publié au moment où les débats alternaient entre masques ou vaccins, cet ouvrage pose la danse – et l’œuvre dansée – comme expression du soin que se doit l’homme. Parfois un peu confus et pas exempt d’erreurs, mais modeste et donc propre au débat.

Donc nous ne parlerons pas du livre Chorégraphier l’Egalité Culturelle, Pour une Histoire décentrée de la danse Vol.2, L’Harmattan, Col. Logiques Sociales (2024), Sous la direction de Laura Cappelle, Elizabeth Claire et Mariem Guellouz. Lequel tient du mélange justifié a postériori plutôt que de l’ouvrage collectif ; et puis c’est un second volume dont la nécessité n’apparaît pas clairement. Mais de celui dirigé par Arianna Béatrice Fabricatore, La Danse Théâtrale en Europe (Identités Altérités, Frontière), Éditions Hermann, (2019). Pas vraiment médiatisée, cette publication propose, avec une belle cohérence dans la diversité, d’étudier les manifestations de cette circulation des œuvres dansées et de leur auteurs et interprètes.

Donc nous ne parlerons pas du livre Folambule d’Antoine le Menestrel, Ed. Paulsen (2024). Lequel est pourtant très bien dans le genre autobiographie, chaleureux et bien écrit, mais tellement plus centré sur l’escalade que la danse qu’il n’est pas vraiment à sa place ici. Même si, à l’avant-dernier chapitre, est un bel hommage à Amélie Grand et aux Hivernales. Mais du roman de Véronique Sels, La Ballerine aux gros seins, Ed. Arthaud (2018). Manière d’autobiographie fictionnée racontée par les deux seins (excessifs) d’une danseuse belge des années 1970. On y croise Mudra (de Béjart) et Frédérique (Flamand) et Lucinda (à New York). Comme quoi l’on peut parler de soi, d’autre chose (du corps normé, par exemple) et de danse cependant.

Et nous parlerons un peu de La Marche dans les Arts du Spectacle, dirigé par Sylvain Diaz et Guillaume Sintès, Ed. Deuxième Epoque (2024). Quelques bons textes, qui négligent un peu trop la danse pour que l’on y consacra toute une discussion, qu’il faut cependant souligner pour ce qu’ils sont. Dommage de n’y rien trouver sur Graham (auteur d’un Steps in the streets en 1936, quand même) mais le texte sur les marches chorales de Laban. Et la préface de Mathilde Monnier est très bien, mais courte. Nous complèterons donc le propos par De marche en danse : Dans la pièce Déroutes de Mathilde Monnier, Gérard Mayen, Ed. L’Harmattan, (2005)   » À SUIVRE….

 

Christophe Martin et Philippe Verrièle

 

 

 

◼ Phénoménologie de la danse – De la chair à l’éthique

 

Christine Leroy
Éditions Hermann, 2021, 188 p.

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Cette enquête repose sur l’étude du phénomène d’empathie kinesthésique en danse-théâtre, pour en révéler les enjeux éthiques. La contagion émotionnelle, kinesthésique et gravitaire, à l’œuvre en danse, entre les performeurs en scène et les spectateurs, est décrite au prisme de la phénoménologie de l’intentionnalité et des concepts merleau-pontiens de « chair » et d’entrelacs synesthésique. Le premier temps de cet essai explore la nature proprioceptive et charnelle du ressenti du spectateur pour ce qui meut l’interprète sur scène. Le deuxième temps fonde l’aperception empathique d’autrui sur le corps-vécu, afin d’attester de l’ancrage charnel de l’éthique et du souci d’autrui. L’objectif de cet essai est de mettre en évidence le pouvoir de soin-care des pratiques chorégraphiques par le jeu avec la gravité, ce qu’initie le troisième temps ; un tel « soin » étant à entendre au sens éthique plutôt que thérapeutique.

 

Christine Leroy

Christine Leroy, agrégée de philosophie et docteure en esthétique, est chercheuse en phénoménologie. Elle est l’autrice de La Phénoménologie (2018) et de Phénoménologie de la danse (2021)

 

 

 

◼  La danse théâtrale en Europe : Identités, altérités, frontières 

 

Sous la direction d’Arianna Fabbricatore
Éditions Hermann, 2019, 356 p.

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Peut-on penser une histoire européenne de la danse ? Quel rôle la danse a-t-elle joué dans la construction des identités nationales en Europe ? Comment a-t-on représenté la figure de l’étranger ? Par quels indices peut-on identifier les figures de l’altérité ? Quelle a été l’influence des discours sur les corps des danseurs européens ?

En dépassant les frontières réelles et symboliques, disciplinaires et géographiques, cet ouvrage met en lumière, de façon inédite, l’identité fragmentaire de l’Europe en interrogeant la richesse de ses pratiques chorégraphiques entre  1687 et  1914. Page après page, il met à jour le processus de construction des stéréotypes en soulignant les déformations du réel provenant des discours nationalistes du spectateur, du critique, voire de l’historien. Il montre ainsi un nouveau visage de l’Europe, vue à travers le prisme singulier de la danse et de sa culture.

 

Arianna Fabbricatore 

Professeure agrégée et docteure en philosophie, Arianna B. Fabbricatore (Sorbonne Université) est spécialiste en esthétique théâtrale et théorie du spectacle vivant. Elle a créé et dirigé le programme international Herméneutiques de la danse consacré au développement interdisciplinaire d’une nouvelle compréhension de la danse en tant que langage au sein des arts.

 

 

 

◼ La ballerine aux gros seins

 

Véronique Sels
Éditions Arthaud, 2018, 240 p.

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Barberine s’entraînait déjà dans le liquide amniotique. C’est dire si sa détermination à devenir ballerine était entière. Mais la discipline est militaire. Le parcours, semé d’embuches. Sans compter qu’à tout moment, le gène du sein lourd menace.
Et voilà que ses seins, Dextre et Sinistre, prennent voix. Un chant choral se met en place. C’est leur récit contre celui de Barberine.
Parcours initiatique de la danse classique à la danse post-moderne de Bruxelles à New York, fable anatomique, critique de la raison mammaire, manifeste à trois voix, le roman questionne notre rapport au corps féminin et la place qui lui est donnée dans la société occidentale. Après pareil voyage au nord, au sud, à l’est et à l’ouest de notre anatomie, il est fort à parier que vous ne regarderez plus jamais un sein comme avant. Car si l’esprit parfois prend des détours, chair ne saurait mentir.

 

Véronique Sels

Véronique Sels est née à Bruxelles en 1958. Diplômée de l’Institut Rythmique Jacques Dalcroze, elle a pratiqué et enseigné la danse classique, la danse moderne et la danse créative Laban, méthode de création chorégraphique

 

 

◼ La Marche dans les arts du spectacle


Ouvrage collectif, sous la direction de Sylvain Diaz et Guillaume Sintès 

Éditions Deuxième Epoque, 2024, 272 p.
Avec le soutien du Centre national du livre, de l’Université de Strasbourg et de l’Association des Chercheurs en danse

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La marche va-t-elle de soi ? La question peut paraître incongrue. Pourtant, la marche ne revêt aucune évidence : elle est, à chaque instant. Elle est, par-delà sa physique, métaphorique, signalant le repli sur soi, le vagabondage, l’errance ou, au contraire, l’ouverture aux autres. Ces éléments sont toujours dépendants de l’espace dans lequel la marche s’inscrit et ils fondent la structure de cette étude. La question au cœur de cet ouvrage est celle de la représentation de la marche. Si elle vaut pour tous les arts, elle prend son rôle particulier dans les arts vivants du fait de son effectivité. Elle y est le mouvement même de corps qui se déplacent.
C’est d’ailleurs ce que veulent dire les mots de « mise en scène » et de « chorégraphie » : ils désignent une même orchestration gestuelle dont les comédiens, les danseurs sont les instruments. Comme geste, la marche fait l’objet de nombreuses analyses anthropologiques, historiques, philosophiques, politiques, sociologiques. Au croisement de ces différentes disciplines, il semblait nécessaire de penser les pratiques des artistes d’aujourd’hui, chez qui la démarche confine souvent à la déroute du sens. La marche échappe à toute destination comme à toute signification pour mobiliser deux corporalités : celle de l’interprète et celle des spectateurs, non pas seulement face à eux, mais avec eux. Cet ouvrage a été conçu à un moment où la marche n’allait plus de soi.
Sinon impossible, elle était restreinte et contrainte par les pouvoirs publics. Aussi, avons-nous pensé des marches et des routes comme invitation au voyage à travers les représentations de la marche dans les arts vivants contemporains.

 

 

◼ De marche en danse : dans la pièce Déroutes de Mathilde Monnier

 

Gérard Mayen

Editions L’Harmattan, 2005, 138 p.

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Analyse majeure d’une pièce chorégraphique majeure – Déroutes, de Mathilde Monnier -, l’ouvrage présent éclaire brillamment le travail d’une artiste contemporaine de première importance. Il ouvre la voie, aujourd’hui encore étroite, d’une critique chorégraphique comme mode singulier de pensée. Suivant la voie indiquée par la chorégraphe qui a placé la figure de la marche au coeur de l’écriture de cette oeuvre, il en déplie les enjeux esthétiques, historiques et politiques, à partir de ce geste élémentaire.


▶︎ ARCHIVES ÉDITIONS DU SOIR #3

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